Itinérance en Tunisie : Stage UCPA Les Portes du Désert
Il s"agit là du récit que j'avais fait de ma première expérience dans le Sahara, et ... dans le désert. Je l'avais diffusé sur un autre blog ainsi que les photos.
Ce stage s’est déroulé mi-Mars 2005. C’était ma 2eme itinérance avec l’UCPA, et mon 5eme stage, tous en rando. C’est plus difficile car on a moins de confort que lors de randonnées en étoile, avec retour au centre tous les soirs, mais ça a beaucoup plus de charmes.
Découvrir des endroits qui sont inaccessibles en voiture, où on se sent seuls au monde, c’est génial.
Je pensais que j’allais voir un peu de monde, car la route choisie, de Douz à Ksar Ghilane, est une route touristique où l’on rencontre toutes sortes de transport, les randonneurs avec assistance chamelière, les méharées, les 4x4…
Une méharée c’est tout simplement le nom qu’on donne pour les voyages à dos de dromadaire (1 bosse, il n’y a pas de chameau dans le Sahara).
Beaucoup de sites sur Internet de particuliers ou de professionnels en parlent.
Douz est une petite ville aux portes du désert, au sud de Tozeur, connu pour ses hôtels.
Ksar Ghilane est un de ces oasis luxuriant perdus dans le désert.
La distance entre les 2 points est d’environ 100 km. Ça parait beaucoup, mais c’est une goutte d’eau dans cet océan de sable.
Comme à chaque stage UCPA, je vois mes futurs collègues de labeur, soit dans le RER, soit dans les files d’attente pour enregistrer.
Ça ne saute pas aux yeux, mais, on sent ces choses-là, on n’a pas les mêmes billets que les autres, on est habillé différemment, et nos bagages sont plus simples.
Quand on se revoit à l’arrivée, on a la confirmation de nos intuitions.
Par contre, j’aurais pensé que nous serions plus nombreux, 6. Le minimum étant fixé à 5 pour ne pas annuler le stage.
Pour avoir fait des stages à 5 et d’autres à 15, je préfère nettement les petits groupe de 5, j’ai toujours eu de meilleurs rapports pendant et après les stages, car à 10-15 des petits groupes se créent et la cohésion est affaiblie.
Ça dépend aussi de la répartition géographique des personnes. Quand j’étais parti à la Martinique, nous étions 10-12, avec un important éclatement régional… du coup, je ne les ai plus revu, c’est la vie…
6, un couple d’amis, un couple tout court, et 2 célibataires ; 3 filles et 3 garçons.
Eric & Céline, Sylvie, Céline (2 pour le prix d’une…), Pascal, et Olivier.
3 trentenaires, maximum 33 ans, et minimum 25 ans je crois ?
Bref, 1 au départ & 6 à l’arrivée… toujours pareil ; on voit des nouvelles têtes, on s’ausculte, on ose à peine se parler pendant les 1ers moments.
Puisque nous sommes arrivés de nuit, nous avons le plaisir de coucher à l’hôtel pour la 1ere nuit, peut être aussi pour nous dire « profitez en, car après vous n’aurez plus ce luxe pendant plusieurs jours !!! » ?
1ère nuit, 1er contact avec les plats tunisiens, 1ère balade aussi sur la plage et autour des hôtels de Djerba. On a failli se paumer aussi.
Je trouve Djerba décevant, peut être que Mars n’est pas le meilleur mois pour apprécier les beautés de cette île.
Parce que je ne savais pas non plus que ce fût une île… Je connaissais de nom, et c’est tout.
A Djerba, il y a plusieurs modes de transport, le plus simple côtoie le plus luxueux
La plupart des gens sont à pied, le long de cette route reliant l’aéroport aux hôtels, où on ne sait pas vraiment à quelle vitesse il faut conduire, et si c’est une simple ou une double voie, tant nous manquons de repères…
D’autres sont à vélo ou motocyclette, avec feux de signalisation défaillant, et le casque… quel casque ?
Et parmi les voitures, on trouve beaucoup de petites voitures simples côtoyant quelques gros SUV…
En tout cas, c’était étrange de regarder le paysage environnant cette route de nuit…déjà du sable tout autour de nous ; je me disais déjà qu’on allait en bouffer du sable
Le lendemain matin lever aux aurores, longue route à faire pour rejoindre Douz.
Nous avons le privilège d’avoir le plus gros des 4x4 de chez Toyota, sauf qu’à l’arrière ce sont des banquettes latérales, et c’est loin d’être confortable.
On passe le bac pour rejoindre le continent. Djerba est effectivement une île.
Commence alors une longue route, avec une pause pipi au milieu. 1er thé à la menthe. La couleur est bizarre, verte tournant sur le marron, mais ça ressemble à un thé à la menthe.
Vers les 10-11h, on arrive à Douz pour rejoindre notre guide. On fait un tour rapide sur le marché.
Je m’aperçois qu’ils vendent tous la même chose, à des prix quasiment identiques. On nous fait acheter des chèches, chez un de leur copain à mon avis.
Le chèche, longue bande de tissu, le mien faisait 3m pour se couvrir le visage du vent, du sable, et de la chaleur quand on est dans le désert Il y avait plusieurs coloris. Je choisis de rester simple, blanc. Beaucoup prennent une couleur un peu sable. Pascal commence à faire son original, bleu turquoise… on est sur de ne pas le manquer dans le désert !!!
Mettre un chèche est relativement simple finalement, mais bien le mettre du premier coup, que ça fasse joli, et pas une sorte de gros champignon sur la tête, et que ça tienne longtemps sans avoir à le remettre, nécessite plusieurs essais.
Je crois que ça nécessite plusieurs semaines d’apprentissage pour le mettre aussi bien qu’eux.
Plus c’est long, plus c’est cher.
Après avoir fait le tour, et remarqué qu’ils vendent des montagnes entières de roses de sable, et de scorpions sous verre (morts évidemment), on passe au vrai marché, fruits, légumes, etc…
On cherche de l’eau fraîche. On en trouve, on s’essaie au marchandage. On me propose de goûter une datte du coin. Oubliant les conseils de santé, ne pas consommer de fruits, etc… je décide d’y goûter, mes camarades ayant refusé l’invitation. Délicieux !! Tant pis si la datte a traîné de tripot en tripot, lavée ou pas avec une eau pas aussi pure que les nôtres !
Bref, on revient au 4x4, notre guide est là. On part. Nous rejoignons notre point de départ. On sort à peine de la ville qu’on se retrouve en pleine piste de sable. Notre chauffeur met à profit les capacités de son véhicule pour s’amuser dans les mini dunes… je ne me souviens plus qui était à l’avant, mais je peux vous dire que c’est impressionnant. On a fait que 30 minutes comme ça, mais ça nous a suffit.
A peine sortis de Douz, on commence déjà à entrevoir ce que c’est que le désert.
On est tous un peu excité sauf Eric je pense, puisque lui c’est le plus baroudeur de nous tous. Nous étions tous à notre première fois dans le désert. Eric a déjà fait 2-3 randos en Egypte notamment, et un trek dans les Andes pendant 15 jours.
UCPA si vous ne connaissez pas, et que vous voulez voir des pays, des cultures, des paysages à moindre prix, je vous le conseille vivement. Attention à la limite d’age, 40 ans.
Bref, on oublie le chauffeur qui nous attend pour nous descendre nos sacs de la galerie, on prend des photos comme si on n’allait plus revoir ce sable, plus avoir d’occasion de prendre en photos nos nouveaux copains, les dromadaires…
Dans ma tête, je m’étais imaginé qu’on allait partir tout de suite. Au lieu de ça, nos 2 guides, celui qu’on a récupéré à Douz, et celui qu’on rejoint dans les dunes, qui gardait les 3 dromadaires (1 noir, 1 blanc, 1 crème, ils l’ont fait exprès ?), commencent à faire la tambouille.
Nous, on papotte, on se prélasse comme des pachas à l’ombre. Parce que c’est vrai, même au mois de mars, il fait assez chaud entre midi et deux…
1er taboulé maison, très bon, mais avec une surprise, un piment vert pour mettre un peu de goût. Quand on tombait dessus, ça déménageait, surtout qu’on était plutôt incapable de différencier les dés de poivron et ceux du piment…
1ere orange de Tunisie ; j’ai rarement mangé d’oranges aussi bonnes, juteuses et sucrées que pendant mon raid.
1er thé dans le désert. J’aime le thé, mais je l’ai trouvé moyen aussi, assez proche du café du matin.
On chausse nos compagnons du matériel. A première vue, quand on voit tout ce qu’on emporte, je me suis dis que jamais ça ne tiendra sur les dromadaires ;
En réalité oui. Un dromadaire peut porter jusqu’à 200 kgs (j’ai un doute…désolé), et le principal, c’est que la charge soit bien équilibrée.
45 minutes pour monter le matos, on part sur les coups de 15h.
1er coup de soleil pour certains. Beaucoup choisissent de marcher bras nus, j’opte déjà pour la chemise à manche longue, n’étant pas copain avec le soleil, mais paradoxalement, pas de crème solaire sur le visage, pensant que mon pré bronzage de Provence va me suffire à ne pas cramer.
Presque vrai, j’ai quand même rougi, mais les autres aussi malgré leurs crèmes solaires.
On marche de 15h à 17h30-18h.
Pas beaucoup me direz vous ; c’est vrai, mais la nuit arrive vite, et ça prend du temps de déchausser les dromadaires, puis on se met en quête de bois mort pour le feu du soir et du matin, monter la tente (touareg), faire à manger…
Ce fut une première après-midi sympathique, un premier contact avec le désert qui allait être en réalité l’un des moments les plus reposant de tout le raid, car dès le lendemain on allait connaître une difficulté supplémentaire, et de taille…
1er repas près du feu, couscous maison, excellent,
Dattes en guise de dessert
Thé
On chante un peu autour du feu , un peu comme les scouts, on est revenu gamins… (sauf que je n’ai jamais été scout) ;
Bien que la tente ait été montée, on choisit tous de passer notre première nuit à la belle étoile.
Nos guides nous laissent faire, certainement amusés par notre comportement. On s’installe tous ensemble sur le versant à l’abri du vent d’une petite dune.
1er pipi nocturne, avec nos lampes frontales, très drôle, pathétique presque !!!
Se glisser dans un sac de couchage en pleine nuit, avec du sable environnant, et ultra présent, n’est pas une mince affaire, pour ne pas en mettre dans le sac.
1ères questions logistiques (et existentielles) :
J’opte pour le caleçon, un t-shirt propre, et je garde mes chaussettes, de peur d’avoir froid aux pieds ; en pleine nuit, je vire les chaussettes et le t-shirt, je crève de chaud !!!
On s’endort, le lendemain matin, une surprise nous attend déjà dès le réveil…
6h30, je me réveille, il fait toujours nuit, je ressens une sensation bizarre…
Après m’être débarrassé de mes affaires pendant la nuit, je me souviens effectivement avoir senti le vent se lever au milieu de la nuit.
Moralité : si vous choisissez de dormir à la belle étoile, évitez de vous mettre sur un versant de dune, car si le vent souffle vous allez vous retrouver ensablé.
Il faut savoir que les dunes se déplacent tout le temps.
Tous mes camarades qui avaient choisi le même emplacement que moi se sont plus ou moins retrouvés ensablés. Je crois que j’ai été le plus chanceux de tous, car j’ai récupéré une grosse partie de la dune sur mon sac.
J’ai ouvert un œil, puis l’autre, j’ai vu que nos guides faisaient du feu, je me suis donc empressé de m’habiller, et de les rejoindre auprès du feu.
J’ai surtout assisté à la fabrication d’une galette de pain pour que nous puissions manger quelque chose de consistant au petit déjeuner, et au déjeuner.
Le 1er petit déjeuner
Une galette c’est relativement simple à faire.
Une jarre, de la farine, un peu de sel, de l’eau. Puis, on malaxe tout ça afin d’obtenir une pâte. Auparavant, il faut penser à faire un feu, pour que quand la pâte est prête, il ne reste plus que des braises.
Avec un bâton, on repousse les braises sur le sable, on dépose la pâte au fond, sur le sable chaud, on recouvre la pâte avec le sable, et par-dessus on remet les braises.
On voit alors des bulles sortir à la surface. Au bout de quelques minutes, on retourne la pâte pour qu’elle cuise de l’autre coté, et quelques instants après, la galette est prête.
On la secoue & frotte pour enlever le sable et les croûtes de brûlure.
Cette méthode donne une pate mella
Le pain est prêt à être servi. C’est chaud mais c’est bon.
Parallèlement, un autre petit feu est allumé à coté, pour chauffer le café & thé.
Je n’aime pas le café, alors je prends mes 2 tasses de thé dès le matin. Confiture et / ou "vache qui rit" locale.
Après le petit déjeuner, on plie bagage, et on se met en route pour la première grande journée de marche à travers les dunes…
La nouveauté du jour s'appelle le vent. Le vent s'est levé pendant la nuit. Effectivement, les dunes se sont déplacées par rapport à la veille au soir.
Je change de stratégie vestimentaire. Ce sera t-shirt en polyester, pour avoir un peu chaud, la chemise de la veille, pantacourt pour m'aérer un peu les jambes, le short n'étant pas trop recommandé, ne serait-ce eu égard à nos compagnons de voyage, et coupe-vent polaire.
Parce qu'à 9h, le vent soufflant, il ne fait pas très chaud.
Au bout d'une heure de sauna portatif (coupe vent en polaire), j'en peux plus !! Je retire mon coupe-vent et marche en chemise…
Finalement, un peu plus tard, j'opterai pour la chemise entrouverte, et les manches relevées. La bonne surprise, c'est le t-shirt en polyester. Le matin il m'aide à me réchauffer, et le reste de la journée il absorbe la sueur. Malgré le sac, mon dos ne sera jamais trempé…
J'avais découvert mon "pack" vestimentaire qui allait être le mien jusqu'à la fin du raid.
Passés ces circonstances logistiques, au fur et à mesure que nous avançons, nous découvrons le désert.
Rien à des km à la ronde… une mer de dunes à l'horizon avec un peu de végétation par ci par là;
9h il fait frais, les heures passent, malgré le faible vent, il commence à faire de plus en plus chaud… 11h ça commence à être dur;
Midi, ça tape pas mal… on se met en quête de trouver un coin pour manger.
C'est une quête parce que cet endroit doit satisfaire 2 conditions sine qua none:
Pour la bouffe, vaut mieux que le sable ne soit pas l'invité de dernière minute, déjà qu'on en bouffe en marchant.
Ce jour-là, on a eu de la chance, on a trouvé assez rapidement. Au menu, de la salade, comme la veille, avec de nouveau du piment, des oranges, du thé
À vrai dire, tous les repas du midi se ressembleront, avec parfois des nouveautés dans la salade suite à la défection d'un des composants.
On fait une petite sieste, vers 14h, on se remet en marche, jusqu'à 17-18h.
On se suit tous. La caravane prend par contre souvent un chemin différent du notre.
On fait des photos, beaucoup de photos entre nous, on fait un peu les zozos. Encore sous le coup de l'excitation de marcher dans le désert !
Jusqu'à présent, ça ressemble plus à une balade qu'à une rando !
2ème nuit
Après avoir choisi le campement approprié (est-il entouré suffisamment de bois ?), retiré le matos des dromadaires, cherché du bois mort, aidé à la bouffe, mangé, se repose l'éternelle question du coucher.
Un peu refroidi par la nuit précédente, on choisit de dormir sous la tente, tous, sauf nos guides qui préfèrent dormir dehors.
On joue aux cartes. On s'éclaire grâce à nos lampes frontales. Tout d'un coup, je vois un petit scorpion près de moi !!! Petit, genre 5 cm de long, couleur sable.
Mars n'étant pas un mois très chaud, on ne croise pas beaucoup de serpents, et scorpions, sauf la nuit, d'où la consigne élémentaire de dérouler et de se glisser au dernier moment dans son sac de couchage, et le lendemain matin de secouer ses chaussures pour se débarrasser d'éventuels invités nocturnes.
Il est aussi recommandé de ne pas se coucher près des buissons, puisque les proies potentielles de ces bestioles ont toutes les chances de s'y trouver aussi !!!
Ma voisine me demande de le tuer… parce que je fus tellement surpris que je manquais de réactivité; je prends donc la première chaussure que je trouve, et essaie d'ecraser le scorpion; je retire la chaussure du sable, et il n'y a plus aucune trace du scorpion. Je crois que je l'ai raté, il a du se réfugier dans le sable. Après, les filles étaient paniquées à l'idée de se retrouver nez à nez avec lui, mais la nuit fut calme.
Les jours qui suivirent, je me fis engueuler par nos guides parce qu'ils respectent enormement la faune du désert. Ne pas tuer scorpions, ni toucher les scarabées aussi gros que le pouce.
Ils laissent des petites traces dans le sable, il y en a partout et sont d'un noir pur qui tranche singulièrement avec la clarté du sable. On en a vu souvent qui, le soir venu, se rapprochaient dangereusement du feu, sans doute attirés par la chaleur du feu.
Les jours se ressemblent de plus en plus.
Mêmes petits déjeuners, mêmes déjeuners, seuls les dîners divergent un peu; on a parfois une sorte de couscous maison, souvent de la soupe avec de la semoule et du concentré de tomate, et du sable évidemment…
J'ai oublié de vous parler de la vaisselle
On fait notre vaisselle (1 assiette en plastique et 1 cuillère) après chaque fin de repas. C'est très simple. Pas d'eau, pas détergent, simplement que du sable.
Pour optimiser la vaisselle, il faut procéder de cette façon. Ne pas attendre que le plat sèche, notamment après la soupe. Mettre tout de suite l'assiette dans le sable. Puis après on frotte de la main, et c'est nickel.
Parce que le sable est propre dans le désert. Je ne le ferais pas à la plage, mais dans le désert, il y a peu de chance de tomber sur une cochonnerie enfouie dans le sable.
Toujours du vent soufflant matin, midi, soir & nuit;
À vrai dire, plus on avance dans le raid, et plus il nous semblait que le vent ne tombait pas !! Au contraire, il était de plus en plus fort, et de surcroît frontal !!
Je peux vous assurer que pour les yeux c'est l'horreur. Je m'emmitoufle dans mon chèche, et ressemble plus à une momie qu'à un homme (cf photo de mon profil). Ça fait rire tout le monde, mais ce n'est pas grave.
Malgré tout, le sable parvient à s'infiltrer entre le chèche et les lunettes de soleil.
On enchaîne les mètres, les kilomètres, sans se rendre compte.
Je suis incapable de vous dire combien de kilomètre on marchait chaque jour.
C'était plus ou moins physique chaque jour. Ça dépend de la force du vent, du type de terrain, de la hauteur des dunes.
Quoi qu'il en soit, je me rappelle très bien de la 3ème journée pour 3 choses.
Le matin, le soleil était plus que voilé, c'est comme si on marchait dans une sorte de brouillard.
Le sable était différent. Le sol était dur, il n'y avait presque pas de dunes, et malgré tout très peu de végétation. Sur mes photos, on n'arrive pas à distinguer le ciel du sable.
J'avais l'impression d'être dans un no man's land, où aucune vie ou presque ne subsiste, sans soleil, avec un vent terrible de 3/4, ça fait du bien de ne plus l'avoir de face !
On marche tous avec le chèche et les lunettes de soleil, pas pour se protéger du soleil mais du sable dans les yeux, ce qui contribua aussi à assombrir le tableau.
Puis, on rejoint une piste dans le sable, avec beaucoup de traces de 4x4, et des détritus humains. On rejoint la piste qui va de Douz à Ksar Ghilane.. Et nous qui nous nous emmerdons à le faire à pied !!!
On nous promet un puits !! Une fois de plus, l'imaginaire s'en mêle !! Je me mets à penser aux puits qu'on nous "montre" dans les films… bizarre, mais au loin je vois 2 infrastructures. Un fort, celui de la garde nationale (alias "les flics" mais version armée et pas très causant), et une autre qui fait plus penser à une ville abandonnée.
Finalement, on arrive au puits. Le gardien nous accueille en arrivant en mobylette.
Le puits se révèle n'être qu'un bac pour les dromadaires et une pompe comme on voit chez nous pour les pompiers. Je plonge mes mains dans le bac, l'eau est si fraîche, c'est si agréable…je ne la bois pas, elle est impropre à la consommation.
Car depuis le début, on boit l'eau des jerricans avec des pastilles pour purifier l'eau. Au début, je trouve ça degueulasse comme tout le monde, mais je finis par m'y faire. J'ai plutôt l'impression de boire l'eau de la piscine que de l'eau du robinet.
On s'arrête un peu, à peine 30 minutes, et on reprend le chemin, toujours dans la même poisse;
Mais un événement sublime arrive alors, nous faisant oublier ce temps lamentable (on a presque froid) ! : les grandes dunes.
J'ai fait beaucoup de photos avec un compact dans ma poche.
Le paysage est impressionnant, on se sent seuls, et tous petits face à l'immensité du désert, la hauteur de ces dunes, et l'absence totale de végétation.
Les dromadaires avancent plus vite que nous dans les dunes, ils s'enfoncent moins que nous.
Parfois, quand on prenait le mauvais chemin, on allait de dune en dune par les crêtes, impressionnant, on s'enfonçait littéralement dans le sable.
Notre plaisir est de courte durée, midi s'approche, et faut trouver un coin pour manger.
À partir de ce moment, ce n'est plus un plaisir, parce que le soleil s'est levé, et on ne trouve pas de coin satisfaisant pour s'arrêter.
Il est midi passé, le vent est toujours autant présent, il fait chaud, les dunes sont moins hautes, mais on s'enfonce toujours autant dans le sable.
Notre guide nous laisse entendre qu'il suffit de sortir de cette zone, et d'aller dans une zone plus verte. De loin, ça semble à coté, mais en réalité on a mis plus d'une heure pour en sortir.
Notre groupe s'étiole, les guides et la caravane devant, notre guide en 3 morceaux, 3 personnes devant, moi au milieu, mais loin derrière, 100m plus loin. C'est dangereux, parce qu'on peut se perdre, le vent effaçant les traces, la hauteur des dunes nous faisant perdre le repère visuel.
Et derrière moi, les 2 personnes restantes, Eric & Céline. À un certain moment, je me retourne et je ne les vois plus, je panique, j'attends un peu, puis les vois, je leur fais un signe de la main, et ils recollent au peloton. J'étais aussi loin du reste du groupe qu'eux par rapport à moi.
La soif, la faim surtout, le sable, la chaleur, le vent faisaient que j'en avais marre, et je tapais dans mes réserves pour continuer à avancer. Je n'espérais qu'une seule chose, qu'on s'arrête. Je me mettais à espérer dès que je voyais au loin un buisson. Mais à chaque fois, il était plus petit que je ne l'avais vu, ou pas assez abriter.
On a finalement trouvé un coin, en plein soleil, mais à peu près abrité du vent, en dehors de la zone des grandes dunes… ça fait du bien quand ça s'arrête…pouvoir enlever ses chaussures, faire une sieste sous les buissons… des plaisirs simples !!!
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Ce stage s’est déroulé mi-Mars 2005. C’était ma 2eme itinérance avec l’UCPA, et mon 5eme stage, tous en rando. C’est plus difficile car on a moins de confort que lors de randonnées en étoile, avec retour au centre tous les soirs, mais ça a beaucoup plus de charmes.
Découvrir des endroits qui sont inaccessibles en voiture, où on se sent seuls au monde, c’est génial.
Seuls au monde ?
Je pensais que j’allais voir un peu de monde, car la route choisie, de Douz à Ksar Ghilane, est une route touristique où l’on rencontre toutes sortes de transport, les randonneurs avec assistance chamelière, les méharées, les 4x4…
Une méharée c’est tout simplement le nom qu’on donne pour les voyages à dos de dromadaire (1 bosse, il n’y a pas de chameau dans le Sahara).
Beaucoup de sites sur Internet de particuliers ou de professionnels en parlent.
Douz est une petite ville aux portes du désert, au sud de Tozeur, connu pour ses hôtels.
Ksar Ghilane est un de ces oasis luxuriant perdus dans le désert.
La distance entre les 2 points est d’environ 100 km. Ça parait beaucoup, mais c’est une goutte d’eau dans cet océan de sable.
Le départ de Roissy
Comme à chaque stage UCPA, je vois mes futurs collègues de labeur, soit dans le RER, soit dans les files d’attente pour enregistrer.
Ça ne saute pas aux yeux, mais, on sent ces choses-là, on n’a pas les mêmes billets que les autres, on est habillé différemment, et nos bagages sont plus simples.
Quand on se revoit à l’arrivée, on a la confirmation de nos intuitions.
Par contre, j’aurais pensé que nous serions plus nombreux, 6. Le minimum étant fixé à 5 pour ne pas annuler le stage.
Pour avoir fait des stages à 5 et d’autres à 15, je préfère nettement les petits groupe de 5, j’ai toujours eu de meilleurs rapports pendant et après les stages, car à 10-15 des petits groupes se créent et la cohésion est affaiblie.
Ça dépend aussi de la répartition géographique des personnes. Quand j’étais parti à la Martinique, nous étions 10-12, avec un important éclatement régional… du coup, je ne les ai plus revu, c’est la vie…
6, un couple d’amis, un couple tout court, et 2 célibataires ; 3 filles et 3 garçons.
Eric & Céline, Sylvie, Céline (2 pour le prix d’une…), Pascal, et Olivier.
3 trentenaires, maximum 33 ans, et minimum 25 ans je crois ?
Bref, 1 au départ & 6 à l’arrivée… toujours pareil ; on voit des nouvelles têtes, on s’ausculte, on ose à peine se parler pendant les 1ers moments.
Le transfert à l’hôtel
Puisque nous sommes arrivés de nuit, nous avons le plaisir de coucher à l’hôtel pour la 1ere nuit, peut être aussi pour nous dire « profitez en, car après vous n’aurez plus ce luxe pendant plusieurs jours !!! » ?
1ère nuit, 1er contact avec les plats tunisiens, 1ère balade aussi sur la plage et autour des hôtels de Djerba. On a failli se paumer aussi.
Je trouve Djerba décevant, peut être que Mars n’est pas le meilleur mois pour apprécier les beautés de cette île.
Parce que je ne savais pas non plus que ce fût une île… Je connaissais de nom, et c’est tout.
A Djerba, il y a plusieurs modes de transport, le plus simple côtoie le plus luxueux
La plupart des gens sont à pied, le long de cette route reliant l’aéroport aux hôtels, où on ne sait pas vraiment à quelle vitesse il faut conduire, et si c’est une simple ou une double voie, tant nous manquons de repères…
D’autres sont à vélo ou motocyclette, avec feux de signalisation défaillant, et le casque… quel casque ?
Et parmi les voitures, on trouve beaucoup de petites voitures simples côtoyant quelques gros SUV…
En tout cas, c’était étrange de regarder le paysage environnant cette route de nuit…déjà du sable tout autour de nous ; je me disais déjà qu’on allait en bouffer du sable
1er jour dans le désert ou presque
Le lendemain matin lever aux aurores, longue route à faire pour rejoindre Douz.
Nous avons le privilège d’avoir le plus gros des 4x4 de chez Toyota, sauf qu’à l’arrière ce sont des banquettes latérales, et c’est loin d’être confortable.
On passe le bac pour rejoindre le continent. Djerba est effectivement une île.
Commence alors une longue route, avec une pause pipi au milieu. 1er thé à la menthe. La couleur est bizarre, verte tournant sur le marron, mais ça ressemble à un thé à la menthe.
Vers les 10-11h, on arrive à Douz pour rejoindre notre guide. On fait un tour rapide sur le marché.
Je m’aperçois qu’ils vendent tous la même chose, à des prix quasiment identiques. On nous fait acheter des chèches, chez un de leur copain à mon avis.
Le chèche, longue bande de tissu, le mien faisait 3m pour se couvrir le visage du vent, du sable, et de la chaleur quand on est dans le désert Il y avait plusieurs coloris. Je choisis de rester simple, blanc. Beaucoup prennent une couleur un peu sable. Pascal commence à faire son original, bleu turquoise… on est sur de ne pas le manquer dans le désert !!!
Mettre un chèche est relativement simple finalement, mais bien le mettre du premier coup, que ça fasse joli, et pas une sorte de gros champignon sur la tête, et que ça tienne longtemps sans avoir à le remettre, nécessite plusieurs essais.
Je crois que ça nécessite plusieurs semaines d’apprentissage pour le mettre aussi bien qu’eux.
Plus c’est long, plus c’est cher.
Après avoir fait le tour, et remarqué qu’ils vendent des montagnes entières de roses de sable, et de scorpions sous verre (morts évidemment), on passe au vrai marché, fruits, légumes, etc…
On cherche de l’eau fraîche. On en trouve, on s’essaie au marchandage. On me propose de goûter une datte du coin. Oubliant les conseils de santé, ne pas consommer de fruits, etc… je décide d’y goûter, mes camarades ayant refusé l’invitation. Délicieux !! Tant pis si la datte a traîné de tripot en tripot, lavée ou pas avec une eau pas aussi pure que les nôtres !
Bref, on revient au 4x4, notre guide est là. On part. Nous rejoignons notre point de départ. On sort à peine de la ville qu’on se retrouve en pleine piste de sable. Notre chauffeur met à profit les capacités de son véhicule pour s’amuser dans les mini dunes… je ne me souviens plus qui était à l’avant, mais je peux vous dire que c’est impressionnant. On a fait que 30 minutes comme ça, mais ça nous a suffit.
Nous rejoignons notre assistance chamelière
A peine sortis de Douz, on commence déjà à entrevoir ce que c’est que le désert.
On est tous un peu excité sauf Eric je pense, puisque lui c’est le plus baroudeur de nous tous. Nous étions tous à notre première fois dans le désert. Eric a déjà fait 2-3 randos en Egypte notamment, et un trek dans les Andes pendant 15 jours.
UCPA si vous ne connaissez pas, et que vous voulez voir des pays, des cultures, des paysages à moindre prix, je vous le conseille vivement. Attention à la limite d’age, 40 ans.
Bref, on oublie le chauffeur qui nous attend pour nous descendre nos sacs de la galerie, on prend des photos comme si on n’allait plus revoir ce sable, plus avoir d’occasion de prendre en photos nos nouveaux copains, les dromadaires…
Une nouvelle sensation, le sable…
Dans ma tête, je m’étais imaginé qu’on allait partir tout de suite. Au lieu de ça, nos 2 guides, celui qu’on a récupéré à Douz, et celui qu’on rejoint dans les dunes, qui gardait les 3 dromadaires (1 noir, 1 blanc, 1 crème, ils l’ont fait exprès ?), commencent à faire la tambouille.
Nous, on papotte, on se prélasse comme des pachas à l’ombre. Parce que c’est vrai, même au mois de mars, il fait assez chaud entre midi et deux…
1er taboulé maison, très bon, mais avec une surprise, un piment vert pour mettre un peu de goût. Quand on tombait dessus, ça déménageait, surtout qu’on était plutôt incapable de différencier les dés de poivron et ceux du piment…
1ere orange de Tunisie ; j’ai rarement mangé d’oranges aussi bonnes, juteuses et sucrées que pendant mon raid.
1er thé dans le désert. J’aime le thé, mais je l’ai trouvé moyen aussi, assez proche du café du matin.
14h, debout là-dedans !!!
On chausse nos compagnons du matériel. A première vue, quand on voit tout ce qu’on emporte, je me suis dis que jamais ça ne tiendra sur les dromadaires ;
En réalité oui. Un dromadaire peut porter jusqu’à 200 kgs (j’ai un doute…désolé), et le principal, c’est que la charge soit bien équilibrée.
45 minutes pour monter le matos, on part sur les coups de 15h.
1er coup de soleil pour certains. Beaucoup choisissent de marcher bras nus, j’opte déjà pour la chemise à manche longue, n’étant pas copain avec le soleil, mais paradoxalement, pas de crème solaire sur le visage, pensant que mon pré bronzage de Provence va me suffire à ne pas cramer.
Presque vrai, j’ai quand même rougi, mais les autres aussi malgré leurs crèmes solaires.
On marche de 15h à 17h30-18h.
Pas beaucoup me direz vous ; c’est vrai, mais la nuit arrive vite, et ça prend du temps de déchausser les dromadaires, puis on se met en quête de bois mort pour le feu du soir et du matin, monter la tente (touareg), faire à manger…
Ce fut une première après-midi sympathique, un premier contact avec le désert qui allait être en réalité l’un des moments les plus reposant de tout le raid, car dès le lendemain on allait connaître une difficulté supplémentaire, et de taille…
1er repas près du feu, couscous maison, excellent,
Dattes en guise de dessert
Thé
On chante un peu autour du feu , un peu comme les scouts, on est revenu gamins… (sauf que je n’ai jamais été scout) ;
Bien que la tente ait été montée, on choisit tous de passer notre première nuit à la belle étoile.
Nos guides nous laissent faire, certainement amusés par notre comportement. On s’installe tous ensemble sur le versant à l’abri du vent d’une petite dune.
1er pipi nocturne, avec nos lampes frontales, très drôle, pathétique presque !!!
Se glisser dans un sac de couchage en pleine nuit, avec du sable environnant, et ultra présent, n’est pas une mince affaire, pour ne pas en mettre dans le sac.
1ères questions logistiques (et existentielles) :
- Où je mets mes groles ?
- Et mon sac ?
- Je mets quoi pour dormir ?
J’opte pour le caleçon, un t-shirt propre, et je garde mes chaussettes, de peur d’avoir froid aux pieds ; en pleine nuit, je vire les chaussettes et le t-shirt, je crève de chaud !!!
On s’endort, le lendemain matin, une surprise nous attend déjà dès le réveil…
6h30, je me réveille, il fait toujours nuit, je ressens une sensation bizarre…
c’est quoi tout ce sable autour de moi ?
Après m’être débarrassé de mes affaires pendant la nuit, je me souviens effectivement avoir senti le vent se lever au milieu de la nuit.
Moralité : si vous choisissez de dormir à la belle étoile, évitez de vous mettre sur un versant de dune, car si le vent souffle vous allez vous retrouver ensablé.
Il faut savoir que les dunes se déplacent tout le temps.
Tous mes camarades qui avaient choisi le même emplacement que moi se sont plus ou moins retrouvés ensablés. Je crois que j’ai été le plus chanceux de tous, car j’ai récupéré une grosse partie de la dune sur mon sac.
J’ai ouvert un œil, puis l’autre, j’ai vu que nos guides faisaient du feu, je me suis donc empressé de m’habiller, et de les rejoindre auprès du feu.
J’ai surtout assisté à la fabrication d’une galette de pain pour que nous puissions manger quelque chose de consistant au petit déjeuner, et au déjeuner.
Le 1er petit déjeuner
Une galette c’est relativement simple à faire.
Une jarre, de la farine, un peu de sel, de l’eau. Puis, on malaxe tout ça afin d’obtenir une pâte. Auparavant, il faut penser à faire un feu, pour que quand la pâte est prête, il ne reste plus que des braises.
Avec un bâton, on repousse les braises sur le sable, on dépose la pâte au fond, sur le sable chaud, on recouvre la pâte avec le sable, et par-dessus on remet les braises.
On voit alors des bulles sortir à la surface. Au bout de quelques minutes, on retourne la pâte pour qu’elle cuise de l’autre coté, et quelques instants après, la galette est prête.
On la secoue & frotte pour enlever le sable et les croûtes de brûlure.
Cette méthode donne une pate mella
Le pain est prêt à être servi. C’est chaud mais c’est bon.
Parallèlement, un autre petit feu est allumé à coté, pour chauffer le café & thé.
Je n’aime pas le café, alors je prends mes 2 tasses de thé dès le matin. Confiture et / ou "vache qui rit" locale.
Après le petit déjeuner, on plie bagage, et on se met en route pour la première grande journée de marche à travers les dunes…
1ère journée entière dans le désert
La nouveauté du jour s'appelle le vent. Le vent s'est levé pendant la nuit. Effectivement, les dunes se sont déplacées par rapport à la veille au soir.
Je change de stratégie vestimentaire. Ce sera t-shirt en polyester, pour avoir un peu chaud, la chemise de la veille, pantacourt pour m'aérer un peu les jambes, le short n'étant pas trop recommandé, ne serait-ce eu égard à nos compagnons de voyage, et coupe-vent polaire.
Parce qu'à 9h, le vent soufflant, il ne fait pas très chaud.
Au bout d'une heure de sauna portatif (coupe vent en polaire), j'en peux plus !! Je retire mon coupe-vent et marche en chemise…
Finalement, un peu plus tard, j'opterai pour la chemise entrouverte, et les manches relevées. La bonne surprise, c'est le t-shirt en polyester. Le matin il m'aide à me réchauffer, et le reste de la journée il absorbe la sueur. Malgré le sac, mon dos ne sera jamais trempé…
J'avais découvert mon "pack" vestimentaire qui allait être le mien jusqu'à la fin du raid.
Passés ces circonstances logistiques, au fur et à mesure que nous avançons, nous découvrons le désert.
Rien à des km à la ronde… une mer de dunes à l'horizon avec un peu de végétation par ci par là;
9h il fait frais, les heures passent, malgré le faible vent, il commence à faire de plus en plus chaud… 11h ça commence à être dur;
Midi, ça tape pas mal… on se met en quête de trouver un coin pour manger.
C'est une quête parce que cet endroit doit satisfaire 2 conditions sine qua none:
- être abrité du vent
- être abrité du soleil
Pour la bouffe, vaut mieux que le sable ne soit pas l'invité de dernière minute, déjà qu'on en bouffe en marchant.
Ce jour-là, on a eu de la chance, on a trouvé assez rapidement. Au menu, de la salade, comme la veille, avec de nouveau du piment, des oranges, du thé
À vrai dire, tous les repas du midi se ressembleront, avec parfois des nouveautés dans la salade suite à la défection d'un des composants.
On fait une petite sieste, vers 14h, on se remet en marche, jusqu'à 17-18h.
On se suit tous. La caravane prend par contre souvent un chemin différent du notre.
On fait des photos, beaucoup de photos entre nous, on fait un peu les zozos. Encore sous le coup de l'excitation de marcher dans le désert !
Jusqu'à présent, ça ressemble plus à une balade qu'à une rando !
2ème nuit
Après avoir choisi le campement approprié (est-il entouré suffisamment de bois ?), retiré le matos des dromadaires, cherché du bois mort, aidé à la bouffe, mangé, se repose l'éternelle question du coucher.
Un peu refroidi par la nuit précédente, on choisit de dormir sous la tente, tous, sauf nos guides qui préfèrent dormir dehors.
On joue aux cartes. On s'éclaire grâce à nos lampes frontales. Tout d'un coup, je vois un petit scorpion près de moi !!! Petit, genre 5 cm de long, couleur sable.
Mars n'étant pas un mois très chaud, on ne croise pas beaucoup de serpents, et scorpions, sauf la nuit, d'où la consigne élémentaire de dérouler et de se glisser au dernier moment dans son sac de couchage, et le lendemain matin de secouer ses chaussures pour se débarrasser d'éventuels invités nocturnes.
Il est aussi recommandé de ne pas se coucher près des buissons, puisque les proies potentielles de ces bestioles ont toutes les chances de s'y trouver aussi !!!
Ma voisine me demande de le tuer… parce que je fus tellement surpris que je manquais de réactivité; je prends donc la première chaussure que je trouve, et essaie d'ecraser le scorpion; je retire la chaussure du sable, et il n'y a plus aucune trace du scorpion. Je crois que je l'ai raté, il a du se réfugier dans le sable. Après, les filles étaient paniquées à l'idée de se retrouver nez à nez avec lui, mais la nuit fut calme.
Les jours qui suivirent, je me fis engueuler par nos guides parce qu'ils respectent enormement la faune du désert. Ne pas tuer scorpions, ni toucher les scarabées aussi gros que le pouce.
Ils laissent des petites traces dans le sable, il y en a partout et sont d'un noir pur qui tranche singulièrement avec la clarté du sable. On en a vu souvent qui, le soir venu, se rapprochaient dangereusement du feu, sans doute attirés par la chaleur du feu.
2ème & 3ème jours
Les jours se ressemblent de plus en plus.
Mêmes petits déjeuners, mêmes déjeuners, seuls les dîners divergent un peu; on a parfois une sorte de couscous maison, souvent de la soupe avec de la semoule et du concentré de tomate, et du sable évidemment…
J'ai oublié de vous parler de la vaisselle
On fait notre vaisselle (1 assiette en plastique et 1 cuillère) après chaque fin de repas. C'est très simple. Pas d'eau, pas détergent, simplement que du sable.
Pour optimiser la vaisselle, il faut procéder de cette façon. Ne pas attendre que le plat sèche, notamment après la soupe. Mettre tout de suite l'assiette dans le sable. Puis après on frotte de la main, et c'est nickel.
Parce que le sable est propre dans le désert. Je ne le ferais pas à la plage, mais dans le désert, il y a peu de chance de tomber sur une cochonnerie enfouie dans le sable.
Toujours du vent soufflant matin, midi, soir & nuit;
À vrai dire, plus on avance dans le raid, et plus il nous semblait que le vent ne tombait pas !! Au contraire, il était de plus en plus fort, et de surcroît frontal !!
Je peux vous assurer que pour les yeux c'est l'horreur. Je m'emmitoufle dans mon chèche, et ressemble plus à une momie qu'à un homme (cf photo de mon profil). Ça fait rire tout le monde, mais ce n'est pas grave.
Malgré tout, le sable parvient à s'infiltrer entre le chèche et les lunettes de soleil.
On enchaîne les mètres, les kilomètres, sans se rendre compte.
Je suis incapable de vous dire combien de kilomètre on marchait chaque jour.
C'était plus ou moins physique chaque jour. Ça dépend de la force du vent, du type de terrain, de la hauteur des dunes.
Quoi qu'il en soit, je me rappelle très bien de la 3ème journée pour 3 choses.
Le matin, le soleil était plus que voilé, c'est comme si on marchait dans une sorte de brouillard.
Le sable était différent. Le sol était dur, il n'y avait presque pas de dunes, et malgré tout très peu de végétation. Sur mes photos, on n'arrive pas à distinguer le ciel du sable.
J'avais l'impression d'être dans un no man's land, où aucune vie ou presque ne subsiste, sans soleil, avec un vent terrible de 3/4, ça fait du bien de ne plus l'avoir de face !
On marche tous avec le chèche et les lunettes de soleil, pas pour se protéger du soleil mais du sable dans les yeux, ce qui contribua aussi à assombrir le tableau.
Puis, on rejoint une piste dans le sable, avec beaucoup de traces de 4x4, et des détritus humains. On rejoint la piste qui va de Douz à Ksar Ghilane.. Et nous qui nous nous emmerdons à le faire à pied !!!
On nous promet un puits !! Une fois de plus, l'imaginaire s'en mêle !! Je me mets à penser aux puits qu'on nous "montre" dans les films… bizarre, mais au loin je vois 2 infrastructures. Un fort, celui de la garde nationale (alias "les flics" mais version armée et pas très causant), et une autre qui fait plus penser à une ville abandonnée.
Finalement, on arrive au puits. Le gardien nous accueille en arrivant en mobylette.
Le puits se révèle n'être qu'un bac pour les dromadaires et une pompe comme on voit chez nous pour les pompiers. Je plonge mes mains dans le bac, l'eau est si fraîche, c'est si agréable…je ne la bois pas, elle est impropre à la consommation.
Car depuis le début, on boit l'eau des jerricans avec des pastilles pour purifier l'eau. Au début, je trouve ça degueulasse comme tout le monde, mais je finis par m'y faire. J'ai plutôt l'impression de boire l'eau de la piscine que de l'eau du robinet.
On s'arrête un peu, à peine 30 minutes, et on reprend le chemin, toujours dans la même poisse;
Mais un événement sublime arrive alors, nous faisant oublier ce temps lamentable (on a presque froid) ! : les grandes dunes.
J'ai fait beaucoup de photos avec un compact dans ma poche.
Le paysage est impressionnant, on se sent seuls, et tous petits face à l'immensité du désert, la hauteur de ces dunes, et l'absence totale de végétation.
Les dromadaires avancent plus vite que nous dans les dunes, ils s'enfoncent moins que nous.
Parfois, quand on prenait le mauvais chemin, on allait de dune en dune par les crêtes, impressionnant, on s'enfonçait littéralement dans le sable.
Notre plaisir est de courte durée, midi s'approche, et faut trouver un coin pour manger.
À partir de ce moment, ce n'est plus un plaisir, parce que le soleil s'est levé, et on ne trouve pas de coin satisfaisant pour s'arrêter.
Il est midi passé, le vent est toujours autant présent, il fait chaud, les dunes sont moins hautes, mais on s'enfonce toujours autant dans le sable.
Notre guide nous laisse entendre qu'il suffit de sortir de cette zone, et d'aller dans une zone plus verte. De loin, ça semble à coté, mais en réalité on a mis plus d'une heure pour en sortir.
Notre groupe s'étiole, les guides et la caravane devant, notre guide en 3 morceaux, 3 personnes devant, moi au milieu, mais loin derrière, 100m plus loin. C'est dangereux, parce qu'on peut se perdre, le vent effaçant les traces, la hauteur des dunes nous faisant perdre le repère visuel.
Et derrière moi, les 2 personnes restantes, Eric & Céline. À un certain moment, je me retourne et je ne les vois plus, je panique, j'attends un peu, puis les vois, je leur fais un signe de la main, et ils recollent au peloton. J'étais aussi loin du reste du groupe qu'eux par rapport à moi.
La soif, la faim surtout, le sable, la chaleur, le vent faisaient que j'en avais marre, et je tapais dans mes réserves pour continuer à avancer. Je n'espérais qu'une seule chose, qu'on s'arrête. Je me mettais à espérer dès que je voyais au loin un buisson. Mais à chaque fois, il était plus petit que je ne l'avais vu, ou pas assez abriter.
On a finalement trouvé un coin, en plein soleil, mais à peu près abrité du vent, en dehors de la zone des grandes dunes… ça fait du bien quand ça s'arrête…pouvoir enlever ses chaussures, faire une sieste sous les buissons… des plaisirs simples !!!
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